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Jacqueline Persini pour la revue Poésie première

 
Claudine Bohi ne cesse d’explorer le lieu d’où nous venons tous pour ouvrir l’avenir. S’arracher tout d’abord à la première déchirure et à celles qui suivront, s’arracher à l’habitude, à la morne répétition pour accueillir une force de vie qui nous dépasse et nous porte vers de nouvelles naissances. Des petites strophes tissent « 
un cocon de mots » qui s’étire peu à peu vers la parole et la voix. Et parce « qu’on meurt parfois trop » le présent du poème vient éclairer la nuit et rendre habitable le jour. Entre ombres et lumières, vie et mort, nous sont restituées le plus intime et le plus vif de nos joies et de nos blessures. Prenant appui sur la séparation première et sur tout ce qui se dérobe, nous voici ressourcés, remis au monde, nos corps tendus vers « un avant » de nous-mêmes, un avant des autres et du monde. Après de nombreux livres, il semble dans ce recueil que la poétesse s’approche encore plus d’un avant langage. Elle prend soin du vide et du blanc et même les berce afin de laisser parler la peau qui rassemble ce qui n’est pas dit et ce qui va naître. Plus grands que nous surgissent alors les mots susceptibles d’inventer mille commencements. Les morceaux de la « chair antérieure »  et ceux de la chair à venir s’unifient en une parole adressée à chacun. Et en partage : « le baiser du sens ». Claudine Bohi ne rejoint-elle pas Colette qui écrivait « Renaître n’a jamais été au-dessus de mes forces »