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Philippe Leuckx pour la Cause littéraire

 

La poésie peut-elle absoudre la mort, la vaincre ? Peut-elle nous réconcilier avec l’absence, l’ombre, le vide, l’incompréhensible départ ? Les poèmes des cinq parties qui constituent ce livre de deuil ont pour vertu, quoique éclatés, épars, disloqués, en petites laisses de chagrin ou d’espérance, quoique disséminés sur les pages comme des versets en hommage à la douleur, de dire l’irréparable : « l’ombre de l’ombre », celle des tombes, des cimetières, des lieux de silence.

Eliane Vernay tutoie « la douleur », cherche à lui imposer silence, cerne « l’abîme » et « l’obscur » qui accompagnent tout départ.

Que d’ombres, que de silences, que de déroutes dans ces vers « au plus creux/ de l’obscur » !

La poète sait ajuster sa douleur, creuser une « ligne de vie » à côté de toutes les morts :

Boire aux dernières étincelles

toucher

le silence des étoiles (p.73)

Il faut être pèlerin pour accéder au chant à verser pour les défunts et « puiser un peu de lumière encore ». Comme « remonter le fleuve » à ses confins.

Dans une langue douce, la poète rend hommage, filial, amical ou tout simplement humain, aux figures disparues, béantes ; puisque « l’odeur de la mort/ te suit comme un chien » encore faut-il se souvenir des visages, des voix, des ombres perdues.

 

Tant de visages sans nom,

de noms

sans regard.

Sans silence.

 

La mémoire harcèle.

 

La force de la poésie, même murmurante, est de cueillir là où tout semble perdu, évacué, effeuillé, effacé ; sa force est d’écrire contre le néant qui s’impose à force de silences et de tombes.

Les encres qui accompagnent le deuil servent bien son propos, comme des taches, des racines, des figures étalées.

Un beau livre.