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Editions de poésie

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Bon bois de braise ! Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ! Alors quoi, on ne veut pas de mon argent dans ce pogois ? De l’argent honnêtement gagné messieurs dames, pas à la rapine comme un de ces vulgaires brigands qui vous soulignent la gorge pour trois fifrelins... Alors !... Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? C’est moi l’animal, la bête à dépecer... Qu’à cela ne tienne, je peux le faire moi-même, que l’on m’apporte un couteau, une pioche, la mâchoire d’un bœuf... M’ouvrir le ventre jusqu’au purin, à m’y rassasier les mains jusque par-dessus-bord, avec les femmes et les enfants d’abord...

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C’est toute une aventure pour venir jusqu’ici... Je ne me souvenais pas que cela montait tout du long comme ça ?
Ah vous voilà ! C’est-y donc que le ciel n’en aurait pas fini sa maraude, Dame Sarabelle... C’est que de notre sang l’a déjà fait toute sa ripopée et de notre âme, moudre bure ! C’te peau morte dont on se demande bien à quoi faire, l’a bu au goulot, jusqu’au sec... Jusqu’à ce qu’elle lui râpe la langue... Pauvres de nous que je dis ! Toute cette misère, ct’e souffrance, Dame Sarabelle, vous ne croyez pas que...

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Vous êtes montée jusqu’ici pour me dire ça dame Ribaude... Eh ben voilà c’est fait… Retournez donc à la ville, dans les baraquements... Au bien gras de ce monde où le vent qu’il a comme un goût de rance... Allez-y... Où le sang prend sa rouille au ruisseau... Où les chiens lapent leurs ombres en pensant que c’est une nuit de moins à dormir... Quand cette bande de crevures reviendront ici, ils seront heureux de voir qu’ils ont si bien inondé les champs que rien n’a pu y repousser. À part moi, la dernière, comme de la ronce que je suis… Toute belle que je me tiendrai sur le perron, pas toute à la guenille, pas comme dans votre ville à vous où vous vous entassez par pitié...

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Tous ces «hommes en moins » qui ne m’étonneraient pas que ça leur reprennent... Et nous... Avec rien à se mettre de notre jeunesse, de cette jeunesse insolente dont le peuple se dépêche, son ébullition... Sont peut-être les plus nombreux ces carnassiers, mais tiens, z’ont foutu le camp comme des pleutres quand ça leur chauffait le pétrusquin...

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