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Jacques Morin dans Texture


Après « Mettre au monde », chez l’Herbe qui tremble, c’est un peu le même projet d’écriture qui est développé. Un projet ambitieux qui prend forme à l’aide d’une poésie de l’approche et du tâtonnement des mots. On écrit à la brosse, au pinceau pour désensabler le terrain. Un peu pour dégager des ossements antiques, surtout pour découvrir des bribes de continents perdus, inconnus, oubliés. 
On passe d’abord par une palette où les couleurs franches épousent les choses : blanc, rouge, noir, bleu, jaune, « la lumière est dans le sang / ce qui pousse vivant… » avant de parler de « décoloration » lorsque les tons se mélangent doucement, mine de rien. Le corps est ressenti comme un passage étroit et immense dans la chaîne des êtres qui enfantent et qui meurent. Comme un courant d’air sidéral. Douleur de la parturiente et douleur du moribond se rejoignent. D’où l’on vient et où l’on va se soudent et résonnent de la même manière. Cet espace qui nous dépasse, insondable, inabordable, l’écriture seule peut y avoir accès. C’est du moins ce que pense Claudine Bohi qui se sert des mots, de ses mots pour trouver l’ouverture. « pour vivre / tu fais parole ». Pour ce que l’on ne sait pas, mémoire et oubli se valent. « l’oubli rassemble / l’avenir / d’avant ». Le corps fait relai un instant à cette succession de vies qui se glissent un mot de passe à l’oreille « c’est dans la bouche / que tu tentes / d’habiter ». Et seule la langue peut tenter de faire le lien, avec sa capacité à débusquer l’inconnu et creuser le mystère. « Poème est souvenir / qui roule vers l’avant ». Ainsi Claudine Bohi donne à ses recueils une mission d’investigation inouïe. À coups de vers tendus, d’expressions denses et d’images compactes : « l’hiver en rond / sur sa toison de lait »./critique_jacques_morin.kC.htm